Rhinocéros
Eugène Ionesco (1909-1994) fait partie des rares auteurs dramatiques ayant de leur vivant accédé au statut de classique. Se saisissant de Rhinocéros, qui raconte la singulière épidémie affectant une petite ville dont la population mue en ces imposants mammifères, Bérangère Vantusso donne à voir la permanence des enjeux de la pièce. Les questions de la contamination par des idéologies totalitaires – amenant tous les personnages, à l’exception d’un, Bérenger, à se nier en tant qu’être humain – se déploient ici dans un monde stylisé.
La scénographie constituée de centaines de cubes en céramique blanche est manipulée par les protagonistes autant qu’elle les manipule, se resserrant tandis que la focale de la pièce elle-même se réduit au fil des actes. Dans ce théâtre d’objets où un seul objet se démultiplie à l’infini, la déstructuration soulignée par la musique électro comme par la répétition de dialogues est à l’oeuvre, déroulant une mécanique aussi implacable que féroce.