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Le Dindon
Et si Feydeau était l’auteur le plus punk du XXe siècle ? Aurore Fattier propose une relecture libre et queer de ce chef-d’œuvre du vaudeville : l’histoire de Lucienne Vatelin, une femme du monde, mariée à un avocat, qui se croit trompée et veut se venger en prenant un amant, tandis qu’une ancienne maîtresse de son mari ressurgit, elle-même poursuivie par le sien… Tout ce petit monde va être embarqué dans une histoire de fous en partie située à l’hôtel Ultimus, où couples adultérins, prostituées et personnes homosexuelles se retrouvent et où les gros bonnets parisiens s’adonnent en toute discrétion à des orgies.
Ainsi, pour Aurore Fattier, le motif de la tromperie n’est en réalité chez Feydeau qu’un prétexte pour explorer le monde souterrain de la nuit, qu’il a lui-même arpenté toute sa vie. Contemporain de Charcot et de Freud, Feydeau met en scène des situations fantasmatiques et cauchemardesques. Ses personnages semblent être mus par une force libidinale intarissable qui révèle nos failles, nos pulsions, notre bêtise. Et nous fait rire.
Le spectacle met en jeu ce rire et le questionne. Comment faire entendre l’amoralisme de l’œuvre de Feydeau à l’heure de #MeToo ? Déclenchement de catastrophes en chaîne, malentendus, pires travers humains révélés : la mécanique implacable des désirs produit un face-à-face cruel entre les acteurs, mis à nu, et le public?.