Histoire d'amour (derniers chapitres)
Jamais, à ma connaissance, Jean-Luc Lagarce n'aura été aussi loin dans sa tentative de conciliation entre ces deux extrêmes qui font notre théâtre : " faire semblant ou vivre nos vies ". Deux extrêmes qui, comme souvent chez Lagarce, ne s'opposent plus mais se mêlent, jeu de miroir subtil entre salle et scène, plateau et coulisse, histoire et absence d'histoire.
Ici, l'histoire se construit, devant nous, avec nous. Les comédiens, car ils le sont, nous parlent et vivent leur vie. Entre les êtres du plateau et ceux de la salle, nous, maintenant une aventure intime peut naître, sur les bases humanistes de l'entendement, de la raison. Vivre nos vies. Là, l'histoire se joue, se ressent. Les personnages, car nous le voulons, tentent de dire ce qui s'est passé avant, échouent, reprennent, disparaissent puis s'avancent de nouveau dans la lumière et lâchent le mot qui claque. Effet de son, effet de lumière, le théâtre assumé d'un émerveillement encore possible. Faire semblant.
Monter Histoire d'amour (derniers chapitres) se place pour moi dans cette démarche étrange et périlleuse de se raconter en ne sacrifiant rien. Pouvoir faire un théâtre lucide et enchanté, un théâtre exigeant et souriant, un théâtre à l'aune de cette gravité légère, si pertinemment contemporaine que nous offre Jean-Luc Lagarce. De l'art, si l'on veut, du vivant, certainement.
Parler d'amour, oui, d'une voix forte, posée entre l'enchantement du monde et une effroyable lucidité. " Jouer, juste, rien d'autre. "
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Archives des représentations
- Théâtre du Nord | Lille01 mars > 20 mars 2002
- TANDEM Scène nationale | Douai19 févr. > 22 févr. 2002