Mon père est Lear, mais il n'est jamais entré dans un théâtre. Je suis Cordélia. Et je suis directrice de théâtre. Comme elle, je vais chercher Lear, je vais oser le regarder et je vais essayer de lui pardonner. Et je vais le faire depuis une scène. Chaque soir, un acteur différent sera Lear, il sera mon père, il sera un père possible, un père qui veut s'asseoir dans un théâtre et parler.
Cette version simulacre du Roi Lear se veut une porte ouverte à la réflexion sur la relation que nous entretenons avec nos pères, les pères biologiques, mais aussi les pères métaphoriques, y compris William Shakespeare lui-même. Il s'agit d'une autofiction d'un classique ou d'un classique autofictionnalisé, et, espérons-le, ni l'un ni l'autre. Il s'agit d'une pièce sur les origines, sur la façon dont ce qui a précédé nous hante, même si nous voulons l'ignorer. Sur la façon dont nous sommes construits par ceux qui nous ont précédés. Sur la façon d'inventer une vie qui nous appartient sans oublier le passé. Comment imaginer d'autres fins possibles. C'est aussi une audition, ou une répétition, cette chose qui arrive avant que tout n'arrive, le lieu juste avant que quelque chose ne prenne sa forme exacte. Le moment exact où tout est encore possible.