Peut-on encoder une danse traditionnelle et sacrée millénaire ? L’archive numérique d’un mouvement contient-elle ce qui lui donne sens ? Qu’est-ce qui nous appartient ou nous détermine dans un mouvement et/ou dans son enregistrement ?

L’artiste Simon Senn s’intéresse à la captation du mouvement et à sa multiplication pour des usages divers, de la santé à l’art en passant par la surveillance policière ou le marketing. Ce faisant, il en vient à se demander si un mouvement identifie vraiment, et finalement s’il appartient, à celui ou celle qui le fait. Comme dans ses spectacles précédents, Be Arielle F et dSimon, sa curiosité technologique se retrouve face à une constellation de questions sociales, juridiques, économiques, intimes et artistiques.

Il est invité à une résidence d’artiste en ligne et en Inde, durant laquelle lui est présentée Rohee Uberoi. Elle est une chercheuse en études postcoloniales et une danseuse de bharata nathyam. Le bharata nathyam est une danse indienne plurimillénaire dansée par des femmes dans les temples. Par sa complexité technique, la richesse de ses narrations et la déstructuration spécifique du corps de l’interprète, elle a durablement marqué les avant-gardes occidentales du XXe siècle. Ses origines la relient aux histoires de la prostitution, des arts de cour et des arts sacrés. Elle fut par ailleurs interdite sous la colonisation britannique et connu une renaissance après 1947 et l’indépendance indienne.