Music-hall

Il n’y a pas d’histoire, le spectacle ne marche pas, et le public ne viendra probablement pas... Mais « on se retrouve toujours c’est à craindre » dit la Fille. Quand le vide s’impose et que le départ est souhaitable, une étonnante fragilité frappe la scène. Parce que la scène elle-même semble se refermer et fuir vers d’autres frontières, c’est l’épuisement qui s’empare de ces trois-là, la Fille et les deux Boys, découragés et lourds d’une histoire sans horizon. Alors voilà ce qu’ils auraient pu se dire avant de venir ici ce soir : « nous aimerions préparer une fête...Nous pourrons ainsi nous revoir et boire un peu de champagne ensemble...» Ils seraient venus avec l’idée de fêter le départ d’un des comédiens, et jouer leur spectacle une dernière fois, si possible. Admettons. 
En effet, la précarité du métier oblige, et toujours l’un menace de quitter les deux autres, pour partir vers une vie meilleure, plus glorieuse ou plus confortable, vie de paillettes ou de canapé le soir...Le retour chez « les goguenards »! Mais hormis cette idée de séparation, que suppose la « dure vie du métier », ces personnages en sont arrivés à une limite d’où croît un conflit moins évident. La parole qu’ils livrent ne nous dresse pas une histoire bien définie, mais un récit décousu qui ressasse le passé, des épisodes, comme si leur histoire était déjà passée et que ce soir rendait compte d’une fin. Faut-il seulement les entendre encore?