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Hamlet
Le Roi du Danemark est mort. Son frère Claudius l’a empoisonné, a épousé sa veuve Gertrude et s’est emparé du trône. Hamlet, accablé de chagrin, est bientôt visité par le fantôme de son père. Il lui révèle avoir été assassiné et réclame vengeance. Mais Hamlet ne cherche pas à se venger, il veut connaître la vérité.
Le Hamlet de Sandra Hüller n’est ni fou, ni cynique, ni détaché. Il est lucide. Il avance les yeux grand ouverts vers l’abîme, effaré par l’effondrement moral du monde qui l’entoure. Tiraillé entre l’envie de fuir et la volonté de tenir bon, c’est un être ordinaire animé par une quête de justice.
« Il est seul » : La phrase revient comme un refrain, répétée tout au long du spectacle par un des fossoyeurs. Et c’est cette solitude absolue qui guide la mise en scène de Johan Simons. Hamlet ne croit plus en rien, ni en personne. Autour de lui, sa famille est rongée par l’hypocrisie, le cynisme et la luxure. Ils dansent comme des maudits au bord du précipice.
« Être ou ne pas être » n’est plus une question : c’est une condition — celle du doute, de la solitude, dans un monde qui se délite. Le décor de Johannes Schütz prend la forme d’une arène, « une tombe blanche pour tous », où une sphère lumineuse et un grand mur métallique suspendus incarnent ce déséquilibre. Quand les comédiens franchissent la frontière entre scène et salle, s’installent au premier rang et s’observent jouer, nous sommes alors tous Hamlet, traversés par les mêmes doutes.