Sur un plateau nu, un vieil homme et une vieille femme, corps voûtés, dansent un dernier slow. Ils s’agrippent l’un à l’autre, avec tendresse et maladresse, et tournent sur eux-mêmes, comme deux figurines fragiles d’une boîte à musique. Lentement, les souvenirs d’une vie traversée à deux refont surface. Par la danse et quelques mots, le couple ranime les grandes scènes de son histoire. Depuis la danse finale jusqu’à la rencontre originelle, la vie amoureuse se déploie sous toutes ses facettes, tantôt légères, tantôt terribles.

Cette création d’Emma Dante est un bijou d’une infinie tendresse. Les scènes défilent, oscillant entre la mélancolie du temps perdu et la magie du présent théâtral qui ravive les fantômes. Que reste-t-il de l’amour, une fois les années passées ? Après avoir été l’ami, l’amant, le complice, le camarade et parfois l’ennemi, l’être aimé devient l’appui essentiel, la béquille sans laquelle le corps ne peut plus se soutenir ; et lorsque cet être finit par disparaître, il continue de briller par son absence, à la manière des étoiles mortes qui percent toujours le ciel de leur clarté.