Ten
Au départ il y a le film du grand réalisateur iranien, Abbas Kiarostami. Ten, dix séquences construites à partir d’une structure identique. Un enfant et cinq femmes viennent s’asseoir à côté de Mania, au volant de sa voiture, et dialoguent avec elle le temps de chaque trajet. Guilda Chahverdi s’empare de ce récit pour témoigner du combat des Iraniennes.
Dans l’espace clos du véhicule de Mania, la parole se libère, sans tabou, ni retenue. Entre celle qui conduit inlassablement dans la ville encombrée et ses passagères, le lien qui s’établit révèle tout un monde, toute la violence des hommes envers les femmes dans cette société où elles doivent se cacher, se taire. La mise en scène de Guilda Chahverdi nous permet de mesurer le trouble entre l’hostilité de l’espace extérieur, la ville encombrée – territoire masculin – et l’accueil de l’espace privé – la voiture – propice à la délivrance des mots. À travers les trajectoires intimes de ces Iraniennes, Ten aborde les grands thèmes de l’existence : la famille, la religion, l’éducation, l’amour et nous livre le combat des femmes pour exister face à l’absurde.