Pour un temps sois peu
Micro en main, Laurène Marx s’adresse au public sans barrières, comme dans un comedy club. C’est un “stand up triste”, comme elle le décrit elle-même, c’est un récit émancipateur. Il y a pourtant de l’humour, beaucoup. Il y a pourtant des rires, beaucoup. Mais c’est un rire libérateur, un rire qui éclate, comme par surprise.
Le paysage de notre monde social est brossé avec maîtrise. À travers toutes les expériences que sa transidentité lui a fait traverser, l’autrice donne à voir la précarité, la marginalisation, la fétichisation et le rejet. Avec ces observations d’une rare acuité, le texte met le doigt là où ça fait mal et occasionne de belles révélations. Entre comique d’observation et tragédies ordinaires, Pour un temps sois peu est un parti pris radical où la poésie est crue, urgente, amère. La vulnérabilité en guise de boussole, Laurène Marx prend le micro et fait le pari vertigineux de l’affirmation de soi.