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Le Conte d’hiver
« Léontes est-il fou ? Je ne le crois pas : je crois que c'est le personnage le plus sensé de cette pièce de fous. Car il a raison d'accuser sa femme et Polixènes ; il a raison de se repentir brusquement à l'annonce de la mort de son fils, car la trahison d'Hermione ne valait pas cela.
Hermione et Polixènes ont été, absolument, infidèles, de la pire des infidélités qui est celle de la tendresse. Cette innocence qu'ils proclament se fonde sur la question de savoir : L'ont-ils fait ou ne l'ont-ils pas fait ? Sans doute aurait-il mieux valu qu'ils l'eussent fait, “ dans l'escalier, sur une malle ou derrière une porte ”. J'ai envie de croire, avec Léontes, qu'un bébé peut naître d'attouchements des mains et des lèvres, en tous les cas dans un conte d'hiver. Quoiqu'il en soit, il a bien raison de croire que cet enfant ne lui appartient pas : le flirt auquel ils se livrent sous ses yeux pendant neuf mois en a transféré la propriété. »