Six personnages en quête d'auteur

Maître du théâtre dans le théâtre, Luigi Pirandello propose avec cette pièce créée à Rome en 1921 une intrigue inédite : une équipe (acteurs et actrices, metteur en scène et régisseuse) en train de répéter laborieusement est soudain interrompue par six personnages formant une famille particulièrement dysfonctionnelle, en quête d’un auteur capable d’écrire leur histoire.

Pirandello a l’idée géniale de doubler les relations conflictuelles de cette famille d’un autre type de litige : les personnages s’insurgent contre la fausse vérité des acteurs et actrices jouant leur histoire et leur incapacité à les incarner. Marina Hands, qui signait ici sa première mise en scène en solo, voit dans ce désir pressant d’être « incarné » un questionnement de notre époque, course frénétique à la représentation de soi.
« Qu’est-ce que c’est, un plateau ? [...] c’est un lieu où l’on joue à jouer pour de vrai », fait dire Pirandello à l’un des personnages. Vouant un amour inconditionnel à l’œuvre du dramaturge italien, elle la fait sienne dans une mise en scène immersive, le dispositif bifrontal plaçant le public au centre du tumulte. Dans l’esprit de l’auteur, Marina Hands imagine jusqu’où le sentiment de la vraie vie fera effraction au sein du théâtre. En recherche permanente sur le sens de son métier, elle interroge à travers cette équipe de création fictive et dans un contexte de fragilité du monde théâtral, ce qui fonde la nécessité de cet art, pour les artistes comme pour le public.