- 3 vues

Sans faire de bruit
D’abord des bruits métalliques, puis plus rien. Le silence. C’est ainsi qu’une nuit, la mère de Louve Reiniche-Larroche perdit brutalement l’audition. De ce drame intime, sa fille tire un spectacle sensible, entre autofiction et documentaire.
Dans le décor feutré d’un salon, elle reconstitue le puzzle de ce séisme familial, convoquant un par un le grand-père, la grand-mère, le fils, la belle fille et la petite fille. Chaque personnage surgit au fil des enregistrement sonores réalisés par la comédienne. Via un minutieux travail de synchronisation labiale, elle leur donne corps et mine leur voix façon playback. Avec humour et tendresse elle incarne chacun d’eux, de son Papi à la mémoire défaillante à sa virevoltante nièce de 5 ans. Tous évoquent Brigitte, la figure maternelle, avant et après le drame.
A quoi peut bien ressembler le monde de sa mère, désormais privé de sons ? Au brouhaha de la vie – les voix, les souffles, les rires – se substitue brutalement un implacable silence. Sur la scène, une toile de chanvre vient recouvrir les meubles et étouffer le moindre murmure. De brouillages en distorsions, le spectacle met ainsi le son au cœur du dispositif scénique. Pour mieux mettre en évidence son absence, sa nécessité et son essence.