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Portrait de Ludmilla en Nina Simone
Elle est une figure de tragédie, une statue qui chante. Lorsqu’elle dévisage le public au début des concerts, chacun se sent regardé, accusé, elle impose silence, effroi. Puis elle rit, et elle commence.
Nina Simone, née dans une famille pauvre de Caroline du Nord, aurait pu devenir concertiste classique, mais elle était noire, et elle portera toute sa vie le deuil de ce destin bouché. Elle fut plus tard une figure de la lutte des droits civiques, elle devint amie avec James Baldwin. Il y a en elle une double nature : mélancolique et combattive, que l’on retrouve dans sa musique, où perce toujours le blues, même derrière l’engagement des hymnes.
Ce serait un portrait d’elle, comme un documentaire, un entretien. Parce que j’aime que l’on se raconte, et qu’on raconte l’histoire non pas comme en monologuant mais en répondant à des questions, dans un jeu d’aller-retour. J’aime les entretiens parce qu’on peut y faire passer des histoires de dimensions diverses, la grande et la petite, la collective et la personnelle.
Mais ce serait surtout un portrait musical, chanté, parce que les morceaux de Nina Simone sont autant de réponses aux événements de sa vie et de son siècle. Alors aux questions qu’on lui pose, tantôt Nina Simone, et tantôt elle chante, de toute façon c’est dans la même langue.