Nous, les héros
Nous, les héros narre les tribulations d’une famille de comédiens en tournée dans « le centre de l’Europe ». La représentation vient de se terminer et la troupe regagne les loges, ou plutôt ce qui leur tient lieu de loge. Peut-être l’arrière-salle d’une salle des fêtes où l’on aurait installé des tables de maquillage avec miroirs, des paravents ainsi que quelques matelas ou lits de camp. Il pourrait y avoir également des portants avec des éléments de costumes de scène, des valises, un réchaud à gaz… La représentation n’a pas été brillante et le public peu enthousiaste. Lagarce renoue ici avec un genre théâtral que l’on pourrait appeler « la sortie de théâtre », un genre initié par Molière avec La Critique de l’Ecole des femmes puis repris notamment par Karl Valentin ou Roland Dubillard. Mais contrairement à ces auteurs cités, Lagarce se place lui, non pas du côté de ceux qui sortent de la salle de spectacle mais du côté de ceux qui sortent de scène. Il invite le spectateur à rejoindre les coulisses et à partager l’intimité des comédiennes et des comédiens à l’heure où ceux-ci se
démaquillent et retrouvent leur costume de ville. Le spectateur ne verra jamais le spectacle, la représentation est terminée. Quelle pièce joue-t-on d’ailleurs ? Il ne pourra que l’imaginer, la rêver. Mais il sera le témoin de la vie qui passe. Cette vie de troupe tant fantasmée.