La guerre n’a pas un visage de femme
« Désormais, tu fais partie des nôtres. Tu es comme nous, une fille du front ».
Venues des quatre coins du pays, vêtues de robes à fleurs et de fichus de couleurs claires sur la tête, d’anciennes camarades du front se rassemblent dans l’intimité d’un appartement communautaire, au milieu des nombreux éviers, ballons d’eau chaude, gazinières et linge qui sèche. En ce printemps 1975, une jeune journaliste est venue recueillir leurs témoignages sur magnétophone.
On pénètre alors, dans un monde ignoré… un continent isolé où en son sein vivent des femmes douées de leur propre mémoire. L’enfer n’est pas racontable, voire imaginable, alors elles seules peuvent se comprendre.
Dès l’invasion nazie en 1941, des milliers de jeunes filles se sont engagées pour défendre leur pays. En se racontant, l’Histoire peu à peu « s’humanise ». La pièce se charge en odeurs, en couleurs, semble voyager et remonter le cours du temps. Elles renaissent à elles-mêmes. Elles se sont tues depuis si longtemps que même leur silence s’est transformé en histoire.
«J’écris non pas l’histoire de la guerre ou de l’État, mais l ’histoire d’hommes et de femmes, précipités par leur époque dans les profondeurs épiques d’un événement colossal. »