En revisitant l'histoire de Pantagruel, Youssouf Abi-ayad compose un spectacle joliment irrévérencieux. L’adaptation en toute liberté donne à ce conte une singulière actualité, et réactive l'esprit féroce de l’auteur.

Si l’on connaît les noms de Gargantua et de son fils Pantagruel, les plus fameux personnages de François Rabelais, l'on a moins en tête leurs aventures rocambolesques. Ce sont celles de Pantagruel que les cinq interprètes transposent, dans une forme inventive alternant entre narration et dialogues, et où les images surgissent avec peu d'artifices. Emmenée par le comédien et metteur en scène Youssouf Abi-ayad (artiste associé au théâtre), l'équipe pioche à loisir parmi les cinq romans écrits entre 1532 et 1553, autant qu'elle en écrit des séquences « à la manière de » Rabelais.

De l’adolescence de Pantagruel à la folle épopée le menant avec ses comparses jusqu'à Utopie, le trivial se mêle à des réflexions philosophiques ; les pets et le vomi succèdent à des prises de conscience politiques. C'est toute la vitalité subversive de Rabelais qui surgit, la réactualisation permettant d'interpeller sur les multiples façons d'être au monde et de prendre place dans celui-ci.