À condition d’avoir une table dans un jardin
Soucieux de mieux respirer, monsieur et madame Parquet quittent Paris pour s’installer dans un pavillon en Île-de-France. Ils s’offrent alors une table de jardin en iroko massif, un bois précieux du Congo. Des années plus tard, un coup de fil étrange leur annonce une visite inattendue : les conditions générales de vente de la table stipulaient en effet qu’au bout de dix ans, ils devaient accueillir un habitant de la forêt équatoriale de l’Ituri pendant onze nuits et dix jours. L’échéance étant arrivée, Darius Wengue, Mbuti de la République démocratique du Congo, débarque à Orgeval.
L’auteur et metteur en scène Gérard Watkins signe une comédie dramatique et politique aussi percutante que savoureuse. L’action se déroule dans un espace sculpté par la lumière qui suggère à la fois l’intérieur de la maison et le jardin, agencé autour de la table-arbre. Inversant le rapport qui lie l’ethnologue occidental à son terrain d’étude, il fait du Mbuti l’ethnologue et du couple de bourgeois les sujets à étudier : pollueurs, égoïstes, conscients et inconscients d’une forêt lointaine. Darius Wengue, lui, sait le drame de la déforestation. Il sait aussi que les conflits armés qui perdurent dans son pays sont liés à ses richesses minières, indispensables à la fabrication de nos téléphones portables.
En posant de simples questions à ses hôtes sur leurs coutumes et leurs croyances, cet homme blessé devient le sismographe de ce que nous, Occidentaux, sommes devenus.
