La nuit sera blanche
« Figurez-vous un mari dont la femme, une suicidée qui s’est jetée par la fenêtre il y a quelques heures, gît devant lui sur une table. Il est bouleversé et n’a pas encore eu le temps de rassembler ses pensées », écrit Dostoïevski en préambule à sa nouvelle.
Alors, pour tenter de donner un sens à cette mort, le mari parle. Dans une adresse au public, tantôt plaidoirie, tantôt rêve éveillé, il dit la vie, leur rencontre, leurs défaites. Un récit qui laisse affleurer les contradictions, l’incompréhension et les tentatives de justifications, mais surtout le besoin d’amour d’un homme brisé.
Avec la complicité du musicien Thibault Perriard, qui fait son des objets les plus insolites, et de celle, muette et hypersensible, de Jeanne Candel, Lionel González occupe la scène comme une âme errante dans un sous-sol décati. Avec une présence au plateau proche de la performance, il raconte la fragilité de cette vie à deux qui a conduit au suicide, dans un théâtre qui cherche à révéler ce que le texte laisse en suspens : les non-dits, l’invisible et l’évanescent.