Un verre à soi

Le piano est lascif ; une femme, chignon haut, robe crayon, stilettos vernis, s’assure que le public trouve place agréable, soit servi en vin. La dégustation débute. Le phrasé ampoulé précise comment apprécier le vin. La voix tremble un peu pourtant, les yeux brillent, ou peut-être que les yeux de cette femme larmoient, ils pleurent oui. Son chignon dégringole. Et tout valse : le piano se cabre, les mots dociles explosent, les phrases soumises s’écrasent au sol, les habits tombent, la bienséance et la courtoisie vont se faire foutre. Jaillit alors une femme viticultrice, métamorphosée, ouvrant son monde, au franc-parler, au travail acharné, aux grandes aubes, aux petits matins, aux délices viticoles simples.