À quoi sert d’être bon dans un monde qui lui, ne l’est pas ? Telle est la question grinçante que pose Bertolt Brecht dans sa pièce Jean la Chance inspirée du conte éponyme des frères Grimm.

Jean est « un gros gaillard, avec une grosse tête, cheveux hirsutes, mèche sur le front, un peu idiot, pataud ». Tout au long du récit, il va croiser des personnages sans scrupules qui abusent de sa naïveté. Ils concluent avec lui des échanges aléatoires qui le dépouillent petit à petit de ses maigres biens, sans que rien n’entame son entrain naturel.

Jean l'inadapté qui n'a rien compris aux règles de l'échange, se retrouve systématiquement floué. Alors que la malchance le poursuit, il semble même atteindre une autre forme de bonheur.

À moins que cela ne soit un choix. Jean est-il une bonne âme ? Jean est-il un perdant ? Et pourquoi le fait d'être en mesure de répondre à cette question a-t-il tant d'importance ?

Les jeunes du Groupe Phare s'emparent collectivement de la pièce de Brecht pour questionner à leur tour la marchandisation des rapports et des liens humains, des rapports de domination entre exploitant et exploité et les tréfonds de l’âme.