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D'après une histoire vraie
Huit danseurs, deux batteurs. Dix hommes donc, pour venir déposer le carcan de « la masculinité ». Il y a près de dix ans, d’après une histoire vraie ouvrait la voie à une irrésistible fluidité des polarités, rompant un à un les antagonismes par la grâce, sinon la fougue, de ses mouvements. Aujourd’hui, elle invite ses interprètes à redéployer une chorégraphie où se dénouent délicatement les divisions entre tradition et modernité. Pièce pivot, s’il en est une, elle porte à son point d’incandescence le souvenir d’une émotion, en étire sa matière jusqu’à la déflagration. Dans la friction entre les rythmes telluriques et les corps ondoyants, la danse invente sa propre plasticité. Au coude-à-coude avec la musique, elle court sur un arc qui va du rite tribal à la forme géométrique, de la fiction à l’abstraction, du groupe à la communauté. Mais c’est encore dans la solidarité souterraine des gestes, faisant que chacun tient grâce à la présence de l’autre, qu’un folklore sans territoire peut advenir. Aux chutes répondent les contacts sans cesse renouvelés, aux tournoiements l’assurance d’une main tendue, saisie dans toute sa plénitude. Des singularités s’observent, s’assemblent et se détachent pour se réunir à nouveau. Comment être ensemble ? La question, ici, prend toute son acuité.
© Texte Noëmie Charrié